Skip to contentSkip to navigation

Parole de spécialiste — 16 minutes

Le test immunochimique de recherche de sang dans les selles

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

En quoi consiste ce test?

Le test de RSOSi (recherche de sang occulte dans les selles immunochimique) recherche le sang dans les selles à l’aide d’une technique immunochimique, qui est extrêmement utile pour dépister le cancer colorectal.

Le test est basé sur le fait que les gros polypes, les tumeurs (aussi appelées « adénomes ») et les cancers laissent échapper de très petites quantités de sang dans l’intestin, qui se retrouvent ensuite dans les selles. Ces quantités sont généralement trop faibles pour être détectées à l’œil nu. C’est pourquoi on parle de sang «occulte». En théorie, plus le polype, la tumeur ou le cancer est gros et avancé, plus la quantité de sang dans les selles sera importante, mais ce n’est pas toujours le cas : les écoulements de sang ne sont pas réguliers, et il est possible qu’une tumeur, même de bonne taille, n’ait pas suffisamment saigné le jour de la prise d’échantillon de selles pour que la recherche soit positive. J’y reviendrai.

Un test diagnostique ou de dépistage?

La recherche de sang occulte dans les selles n’est pas un test diagnostique : c’est un test de dépistage. Parce que plusieurs autres situations peuvent entraîner la présence de sang dans les selles, un test de RSOSi positif ne signifie pas nécessairement qu’un cancer est présent. Des hémorroïdes, une fissure anale, de la constipation ou des maladies inflammatoires de l’intestin peuvent également être à l’origine du sang dans les selles. Au Québec, sur 1000 personnes qui effectuent le test de dépistage, 36 auront du sang dans les selles (3,6 %). Sur ces 36 personnes :

  • 4 auront un cancer colorectal;
  • 17 auront un/des polype(s);
  • 15 n’auront ni polypes ni cancer.

Le test diagnostique pour dépister le cancer colorectal est la coloscopie (aussi appelée « colonoscopie ») virtuelle ou optique. La coloscopie optique consiste à insérer par le rectum un tube muni d’une caméra et de le «pousser» le plus loin possible tout le long du gros intestin à la recherche d’une tumeur ou d’un cancer, en profitant de l’occasion pour enlever au passage les polypes ou tumeurs qui pourraient éventuellement devenir problématiques. Pour sa part, la coloscopie virtuelle est un examen de tomodensitométrie exécuté par un radiologiste qui permet de détecter les polypes, tumeurs, cancers et autres anomalies, mais qui ne permet pas de les enlever. La coloscopie, qu’elle soit visuelle ou virtuelle, est un examen coûteux et difficilement accessible, qui peut causer de l’inconfort et entraîner des complications. C’est pourquoi le programme québécois de dépistage du cancer colorectal recommande maintenant aux personnes sans symptômes et sans autre facteur de risque d’effectuer d’abord un test de recherche de sang occulte et de passer une coloscopie seulement si le test est positif.

La recherche de sang dans les selles est le meilleur test de dépistage pour une population qu’on dit « à risque moyen » ou à risque « légèrement accru » d’avoir un cancer colorectal. Afin de savoir quel est votre facteur de risque, nous vous invitons à répondre au questionnaire sur le dépistage du cancer colorectal (test RSOSi) qui comprend les dernières recommandations du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS).

Que signifie un résultat négatif?

Étant donné que les tumeurs ne libèrent pas de sang de façon continue, un test négatif n’élimine pas entièrement la possibilité qu’une tumeur ou un cancer soit présent. C’est la raison pour laquelle le test doit être répété au moins tous les deux ans (programme du MSSS).

Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier chez l’homme, après le cancer du poumon. Chez la femme, il est le troisième après celui du sein et celui du poumon. Il est bien connu que plus le cancer colorectal est détecté tôt, plus il est facile d’en guérir. La recherche de sang dans les selles demeure une technique simple, abordable et très efficace pour le dépister.

Vous voulez participer au programme de dépistage RSOSi pour prévenir le cancer colorectal? N’hésitez pas à répondre au questionnaire pour connaître votre admissibilité au programme. Ça pourrait vous sauver la vie!

Vous avez des inquiétudes à propos du cancer colorectal? Remplissez notre bref questionnaire pour confirmer votre admissibilité au programme et commander votre trousse.

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.